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Madame Bovary

Salon de thé – Librairie

Et si la pâtisserie était littérature ?

Lorsque vous savourez une part de gâteau, à quoi pensez-vous ? Votre esprit et vos sens sont-ils réactifs aux seules histoires de goût, de texture, ou vos yeux et vos papilles vous entraînent-ils ailleurs, plus loin, dans un autre monde peut-être ?

Pour ma part, une pâtisserie n’est rien moins qu’un morceau de littérature. Permettez-moi alors de partager avec vous quelques-unes de mes pérégrinations gustativo-littéraires.

Le mi-cuit au chocolat

Si le mi-cuit au chocolat était un personnage de théâtre il serait, à n’en pas douter, Cyrano de Bergerac. Un chocolat intense, renfermant un cœur coulant qui n’a d’égal que la verve et le panache de Cyrano dont le cœur abrite un amour tendre pour la belle Roxane. C’est un cap… que dis-je… c’est une péninsule !

La tarte au citron meringuée

La tarte au citron se compose de trois couches : une base biscuitée, une crème au citron acidulée et une meringue généreuse. Trois couches bien distinctes, aux textures et saveurs différentes mais parfaitement complémentaires. En effet, que serait la crème au citron sans son socle et sans meringue ? Ce trio détonant vous en rappelle-t-il un autre ? Non… et si je vous dis : un pour tous… mais oui ! Les trois Mousquetaires bien sûr Atos, Portos et Aramis. Je vous laisse le soin de trouver une place à D’Artagnan.

Le moelleux à la carotte

Si vous me demandez de vous servir la plus grosse pâtisserie de la maison, je vous apporterai certainement une part de moelleux à la carotte, ce gâteau à la carotte donc, aux épices et aux noix nâpé d’un glaçage au chocolat blanc. Nous avons là LA pâtisserie de l’hiver. Mais aussi LA pâtisserie des gourmands qui, ne craignant guère d’avoir les yeux plus gros que le ventre, décident de s’octroyer un goûter… pantagruélique. De manière générale, comment ne pas penser à Gargantua et Pantagruel, les deux géants de Rabelais lorsqu’il est question de boire et de manger.

La tarte Madame Bovary 

Cette pâtisserie, c’est l’emblème de notre salon de thé – librairie, pourrai-je dire. La question : pourquoi avoir nommé cette pâtisserie « Madame Bovary » ? Pourquoi avoir choisi le roman de Flaubert ? Eh bien parce qu’une tarte aux pommes nous amène directement en Normandie. Or, il se trouve que l’écrivain est originaire de cette région tout comme son personnage éponyme. C’est pourquoi, nous nous devions de rendre hommage à Gustave, à Emma, à Charles (ce pauvre Charles) et à notre établissement. Que l’on se rassure, nulle trace d’arsenic dans la tarte Madame Bovary…!

Le riz au lait 

Si nous avons tenu à proposer du riz au lait à nos clients, c’est parce qu’il s’agit d’un dessert régressif. Le riz au lait ressuscite notre âme d’enfant et, à la première cuillerée, des images, des sensations remontent à la surface. C’est une véritable madeleine de Proust. Et le pont avec la littérature se fait de lui-même. L’épisode du petit gâteau trempé dans du thé est connu. Mais lorsque l’on veut parler de Proust, le mieux, c’est encore de le citer : « Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi ».

Quand la pâtisserie se fond dans la littérature, la gourmandise est totale, n’est-ce pas?