Trois bonnes raisons de lire…
Madame Bovary de Gustave Flaubert
Résumé
Madame Bovary, une jeune femme romanesque qui s’était construit un monde romantiquement rêvé tente d’échapper – dans un vertige grandissant – à l’ennui de sa province, à la médiocrité de son mariage et à la platitude de sa vie. Mais quand Flaubert publie Madame Bovary, en 1857, toute la nouveauté du roman réside dans le contraste entre un art si hautement accompli et la peinture d’un univers si ordinaire. « Ce n’était plus du roman comme l’avaient fait les plus grands », dira Maupassant : « C’était la vie elle-même apparue. On eût dit que les personnages se dressaient sous les yeux en tournant les pages, que les paysages se déroulaient avec leurs tristesses et leur gaieté, leurs odeurs, leur charme, que les objets aussi surgissaient devant le lecteur à mesure que les évoquait une puissance invisible, cachée on ne sait où. »
1. C’est le nom de notre salon ! Outre cette première raison évidente de lire Madame Bovary, il faut savoir que plus qu’un roman, l’histoire d’Emma Bovary est devenue un concept : le bovarysme, qui traduit une forme d’inadaptation déceptive au réel. De fil en aiguille, ce grand classique de la littérature française a même donné son nom, depuis peu, à un salon de thé – librairie toulousain. Un espace où se réfugier lorsque le réel devient décevant ou pesant, pour se plonger dans l’univers des livres et des saveurs sucrées. Parce qu’une Madame Bovary se cache en chacun de nous. La boucle est bouclée !
2. C’est un roman sur la lecture. Sur les effets de la lecture. L’héroïne, qui a reçu l’éducation de toute bourgeoise du XIXème siècle, découvre la lecture des romans « à l’eau de rose » durant son pensionnat. Elle se prend alors à imaginer un avenir semblable à celui des personnages qui peuplent ces histoires. Mais la réalité sera bien différente… Emma est une Don Quichotte du Second Empire. Sauf que, à la différence du héros de Cervantès, elle ne se trouve pas malmenée par des moulins à vent qu’elle aurait pris pour des géants, mais par des hommes inconstants qu’elle prend pour des princes charmants. Hélas, le mirage de l’amour se révèle bien plus destructeur que les pales d’un moulin.
3. La précision stylistique de l’auteur. Chaque mot est soupesé, la place de chaque virgule est mûrement réfléchie, bref, Flaubert est un maniaque de la rédaction. En témoigne sa célèbre habitude de déclamer ses textes à ses proches dans ce qu’il nommait son « gueuloir » pour juger de l’efficacité de sa production littéraire.
« Elle se répétait: «J’ai un amant ! un amant !» se délectant à cette idée comme celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. »
Madame Bovary, Gustave Flaubert